[LEFT][COLOR="Black"]2°) La croyance aux livres révélés
La mission dévolue aux messagers divins consiste à divulguer au sein de l'humanité entière l'orientation du Sage Parfait. Celui-ci, par leur intermédiaire, expose à Ses créatures humaines Sa bonne direction, les honore avec Sa révélation, le tout afin de les sauver de leurs égarements et de les assister contre leur orgueil. Il est mentionné dans le Saint Coran : ﴾ Les hommes formaient une même communauté. Dieu leur envoya des prophètes comme annonciateurs et avertisseurs et, par eux, IL transmit l'Ecriture renfermant la vérité afin d'arbitrer leurs différends.﴿ Ces livres révélés renferment les prescriptions de la mission divine adressée à l'homme, leurs cachets, par conséquent, sont empreints des qualités de Celui qui les a faits descendre. Ils sont pleins de lumière et d'orientations louables. Dieu a décrit la Torah qu'IL a transmise à Moïse (B.S.D.L) :﴾ Nous avons révélé La Torah où il y a une direction et une Lumière.﴿ Sa description de l'Evangile communiquée à Jésus, fils de Marie (B.S.D.L) est analogue à la précédente. IL a dit : ﴾ Nous donnâmes à Jésus l'Evangile contenant une direction et une Lumière. L'Evangile devait confirmer l'ancienne Torah et servir de direction et d'exhortation à ceux qui craignaient Dieu.﴿ . Ces orientations remarquables et cette clarté se trouvent dans toutes les révélations confiées à chacun de Ses apôtres. Le Musulman croit en la mission de tous ceux-ci, par obéissance au Seigneur et en conformité avec ce verset :﴾ Ô croyants! Croyez en Dieu, en Son messager, au Livre qu'IL a progressivement révélé à Son messager, au Livre qu'Il a révélé, antérieurement. Quiconque ne croit pas en Dieu, en Ses anges, à Ses Ecritures, en Ses prophètes et au Jour Dernier erre très loin de la bonne voie. ﴿ La personne qui n'a pas foi en un seul livre céleste ne croit pas en tous les autres. Le Maître des univers ordonne au prophète et aux croyants de ne pas mésestimer Ses écrits, IL leur annonce : ﴾ Dites : « Nous croyons en Dieu, à ce qui nous a été révélé, à ce qui a été révélé à Abraham, Israël, Isaac, Jacob, aux douze tribus, à ce qui a été confié à Moïse, à Jésus, aux prophètes par leur Seigneur. Nous ne faisons aucune distinction entre eux et à Dieu nous sommes soumis » ﴿ IL avait exhorté, auparavant, les générations passées et leur avait enjoint de sauvegarder les Textes qui avaient été révélés à leur intention : ﴾ Nous avons révélé la Torah où il y a une direction et une référence pour les prophètes soumis à la volonté divine, les rabbins, les grands prêtres, gardiens et témoins de l'Ecriture de Dieu. ﴿ Les Anciens ont oublié ces Livres et s'en sont débarrassés, ils ne furent pas capables de les sauvegarder. De nombreuses falsifications et plusieurs changements y furent introduits et furent, ainsi, exposés aux ajouts qui ne font pas partie intégrante des Paroles divines. Dieu les menace : ﴾ Certes, une fraction d'entre eux altère, par une articulation défectueuse intentionnellement, le texte de l'Ecriture pour vous faire croire que ce qu'ils lisent y est. Or ce qu'ils prétendent lire n'est pas dans l'Ecriture. Ils attribuent leurs propres mensonges à Dieu, sciemment! ﴿ Dieu menaça de Son terrible châtiment les gens qui ont opéré ces défigurations : ﴾Malheur à ceux qui, de leurs mains, écrivent un livre pour le vendre à vil prix en prétendant qu'il provient de Dieu! Malheur à eux pour ce que leurs mains ont écrit! Malheur à eux pour le profit qu'ils en tirent!﴿ Le même sort sera réservé à ceux qui ont supprimé de ces Livres certains passages ou qui ont participé, en toute conscience, à leur perte. Dieu les informe de ce qui les attend : ﴾ Ceux qui cachent aux hommes quelques parties de l'Ecriture envoyée d'en haut et les vendent à vil prix, se préparent au supplice du feu et Dieu ne leur adressera pas la parole, le Jour de la Résurrection. IL ne les absoudra point; un châtiment douloureux leur sera réservé.﴿. L'Evangile authentique qui a été révélé à Jésus figure parmi les Livres célestes qui ont été perdus : ﴾Nous avons également pris acte de l'engagement de ceux qui se disent Chrétiens. Eux, aussi, ont oublié une partie de ce qui, dans l'Ecriture, devait leur servir d'avertissement. ﴿
Le Seigneur des univers a choisi Mohammed pour
diffuser à l'ensemble des hommes Sa dernière Mission. Ce dernier messager leur rappela la réalité, contenue dans les Livres et dont une partie est perdue et oubliée et une autre faussée et falsifiée. Le Coran, tout de lumières, d'orientations, exactes et justes, et de miséricorde pour toutes les personnes, sans exception, lui fut révélé. Il y est mentionné : ﴾ Ô vous qui avez reçu l'Ecriture! Notre envoyé est venu à vous pour mettre en évidence pour vous une grande partie de l'Ecriture que vous cachiez, en négligeant, d'ailleurs, de divulguer bien d'autres choses. Une Lumière est venue vers vous ainsi qu'un Livre édifiant.﴿ Le Coran, synthèse de tous les Livres antérieurs, confirme et résume le fond de ceux qui ont été perdus, Son Auteur l'ayant embelli de trois caractéristiques: l'assurance de sa conservation, l'éloquence de son style et la noblesse de ses idées. IL nous affirme : ﴾ A toi, aussi, IL a révélé le Livre contenant la vérité pour confirmer l'Ecriture antérieure et la préserver de toute altération. Juge entre eux d'après ce que Dieu a révélé et ne les suis pas dans leurs passions qui les écartent de la vérité que tu as reçue. A chacun de vous nous avons donné une loi et une voie.﴿ Ce Livre, nommé Le Saint Coran et le prophète qui l'a propagé aux habitants du monde, constituent, tous les deux, l'apothéose des bienfaits divins offerts aux hommes. IL nous apprend : ﴾ En vérité, Dieu a usé de bonté avec les croyants en leur envoyant un prophète choisi parmi eux pour leur communiquer Ses versets, les purifier de leurs péchés, leur enseigner le Coran et la sagesse, bien qu'ils fussent, antérieurement dans un égarement manifeste.﴿ Le Tout Miséricordieux s'est chargé de préserver Son Dernier Livre, ainsi Sa Parole s'éternisera comme témoin, de génération à génération, en faveur des hommes ou contre eux. IL assure que : ﴾ C'est Nous qui avons révélé le Coran et c'est Nous, certes, qui en sommes les gardiens. ﴿ puis s'adressant à Son messager, IL lui ordonne : ﴾ C'est à Nous qu'incombe, en vérité, la réunion du Coran et sa diction. Lors donc que Nous le lirons, suis-en la lecture. A Nous, ensuite de l'exposer clairement. ﴿ Le Coran reste donc le seul Livre céleste à avoir échappé aux falsifications et à la dégradation car c'est Son Auteur qui l'a, toujours, protégé. Celui-ci souligne : ﴾ Le Coran est un Livre puissant, inaccessible à l'erreur, une révélation émanant d'un Sage, digne de louange.﴿ Dans ce cadre, - la conservation – Dieu a facilité l'apprentissage par cœur de Son Livre. Celui-ci ayant été révélé à une nation qui ne savait ni lire ni écrire, la mémoire demeurait, pour elle, l'unique moyen de préserver son histoire, son patrimoine culturel, sa littérature, sa généalogie et autres. IL a certifié : ﴾ Certes Nous avons facilité le Coran pour la réflexion. Existe-t-il quelqu'un qui réfléchisse? ﴿ Sa révélation s'est étalée sur vingt-trois années pour rendre plus facile, au prophète et à ses Compagnons, son apprentissage, sa compréhension et la pratique de ses prescriptions dans la vie de tous les jours. L'envoyé divin l'a, en effet, appris, Dieu lui a promis de lui envoyer l'archange Gabriel, chaque mois de Ramadan, pour réviser avec lui le noble Livre, approfondir son explication et ses commentaires. Ibn El-‘Abbâsse rapporte que «L'envoyé de Dieu était le plus généreux des hommes, surtout durant le mois de Ramadan lorsqu'il rencontrait l'archange Gabriel. En effet, chaque nuit de ce mois envoûtant, il retrouvait Gabriel qui lui inculquait le Coran. Durant cette période, le messager divin était plus généreux que le vent à faire du bien.» D'autre part, le Coran nous fait savoir la ferme volonté de Mohammed d'acquérir de mémoire le texte sacré, il répétait le même mot et en même temps que le facteur divin qui venait le lui transmettre. Il craignait d'en oublier un passage ou une expression ou même un mot. Le Créateur le calma et le rassura en lui confiant qu'IL se charge, Lui, de sa sauvegarde. IL lui proclame : ﴾Ne te hâte pas de réciter le Coran avant que ne soit achevée pour toi sa révélation. Dis : « Seigneur, augmente mon savoir.» ﴿ et lui réaffirme :﴾Ne remue point la langue, dans ton empressement, de réciter le Coran. C'est à Nous qu'incombe, en vérité, sa réunion et sa diction. ﴿
L'apôtre de Dieu dépensait de gros efforts pour voir ses Compagnons se transformer en pédagogues chevronnés afin de faire aimer, apprendre et expliquer le Livre aux néophytes. L'un de ceux-là, ‘Oubâdah ibn Es-Sâmit rapporte que : «Le messager divin était très occupé mais dès qu'il voyait un émigrant arriver de la Mecque l'honorée ou un nouveau converti, il le confiait à l'un de nous pour lui enseigner le Coran.» Les Compagnons suivaient avec une attention, réelle et quotidienne, tous versets fraîchement révélés. Omar ibn El-Khattâb répétait : « J'avais un Ançarî (axillaire) comme voisin, issu des Banî Oummyah ibn Zaïd – qui est une famille médinoise – Nous nous relayions pour aller voir le messager de Dieu, à tour de rôle. Lors de ma journée et après mon retour, j'informais mon voisin de ce qui a été révélé au prophète et le mettais au courant des intentions et projets de celui-ci. Le lendemain, il me communiquait toute information nouvelle.» Mohammed incitait, sans cesse, ses Compagnons à apprendre le Coran. Il leur disait tous les jours : «Le meilleur croyant, parmi vous, est bien celui qui commence par apprendre le Coran pour, ensuite, le faire apprendre à autrui. » et porta à leur connaissance : «Il sera dit à celui qui avait appris le Coran, dès qu'il entre au Paradis : «Lis le Coran et monte !» Lorsqu'il récite un verset, il escalade d'un degré vers les places de choix de la demeure éternelle jusqu'à ce qu'il termine ce qu'il connaissait du Livre Saint. » La récitation du noble Livre et sa conservation dans la mémoire figurent parmi les meilleures dévotions. L'apôtre divin a souligné : « Celui qui récite le Coran d'une façon excellente sera réuni avec les nobles anges vertueux et celui qui le récite péniblement sera doublement rétribué. »
Les Compagnons se mirent à l'apprendre avec une émulation, saine et manifeste, à l'étudier ensuite et à réfléchir sur son contenu afin d'en faire le code de leur vie. Plusieurs centaines d'entre eux l'apprirent, en entier, du vivant du prophète. L'illustre Compagnon Qatâdah demanda les noms des fidèles qui ont groupé le Coran, à Anasse ibn Mâlik, valet de l'envoyé de Dieu, et du temps de celui-ci. Il lui répondit : «Ce sont quatre Ançârs: Oubaï Ibn Ka‘b, Mou‘âz ibn Djabal, Zaïd ibn Thâbit et Abou Zaïd » Parmi les épouses des Compagnons qui ont appris le Noble Coran, Oummou Waraqah bint Abdellah ibn El-Hârith El-Ançarî. Le prophète lui ordonna de diriger la prière, chez elle, pour les filles d'Eve de sa propre famille et éventuellement celles de son voisinage. Il lui désigna un muezzin et elle effectua cette lourde responsabilité le restant de sa vie. Le Livre Sacré est transmis de génération en génération. Son Auteur Unique le décrit dans un hadîth qoudoussî=pur et saint) comme étant : «Un livre qui ne peut être lavé avec de l'eau et que tu liras, Ô Mohammed, dans les deux états de veille et de sommeil »
Ibn El-Djazrî a écrit : « Pour apprendre le Coran, nous comptons, non pas sur les cahiers et les livres, mais principalement sur la mémoire et c'est là une des caractéristiques les plus élevées octroyée par le Seigneur des univers à la nation musulmane.» Dieu a fait observer que Son Livre, pour être appris, n'a point besoin de support matériel qui peut être lavé avec de l'eau mais il est conservé dans les mémoires. C'est ainsi qu'IL a décrit Sa nation en disant «Leurs Evangiles se trouvent dans leurs mémoires.»
Pour avoir une idée du nombre de croyants qui ont appris, selon les normes, le Coran, il nous suffira de citer que soixante dix d'entre eux furent massacrés le jour nommé désormais par les Musulmans Bîr Ma‘oûnah. Le même Anasse, cité plus haut, relate : « Des gens se présentèrent devant le messager divin et lui demandèrent de déléguer avec eux quelques croyants pour enseigner le Coran aux membres de leur tribu. Il désigna soixante dix personnes, appelées El-Qourrâ' (les récitateurs), sélectionnées parmi les Ançars. C'étaient des hommes qui, en permanence, lisaient le Livre, l'étudiaient, le commentaient et réfléchissaient sur son fond. Ils partirent avec les «ambassadeurs» mais arrivés à destination, ils furent, lâchement, assassinés.»
Après le décès de Mohammed, un grand nombre d'el-qourrâ', furent tués lors de la bataille d'El-Yamâmah. Omar ibn El-Khattâb eut peur de voir certains passages du Coran se perdre. Il se rendit chez le calife, Abou-Bakr Es-Saddîq, et lui confia : « De nombreux qourrâ' sont tombés en martyrs lors de la bataille d'El-Yamâmah et je crains que d'autres, parmi eux, subiront le même sort. Il nous faut sauver le Coran tant que beaucoup d'entre eux sont encore en vie.» Cette intervention entraîna l'initiative des Compagnons à réunir le Coran dans un manuscrit du temps du premier calife que l'Islam a connu. En réalité, ce premier manuscrit groupait les morceaux écrits sous la dictée du prophète, recherchés après sa mort et retrouvés. ‘Othmâne ibn ‘Affâne a précisé que son beau-père (B.S.D.L), chaque fois qu'il recevait un verset nouveau, réunissait ses scribes et leur disait « Placez ce verset dans la sourate où telle chose a été citée. » Les Compagnons rivalisaient à qui mieux pour consigner tout le texte révélé, en dépit de sa longueur, quelquefois. C'est, précisément, ce qui s'était passé avec la sourate d'El-An‘âme qui est l'une des plus longues sourates du Livre. Elle fut révélée à la Mecque l'honorée du temps où les tortures infligées aux Musulmans par les mécréants mecquois avaient atteint leur summum. Ibn ‘Abbasse narrait : « La sourate d'El-An‘âme fut révélée d'un seul trait, de nuit. Ils ont terminé son écriture- à l'exception de six versets révélés à Médine l'Illuminée – la même nuit, c'était pour eux un point d'honneur.» Le prophète faisait beaucoup preuve de soin à ce qui s'écrivait sous sa dictée et tenait toujours à entendre, une seconde fois, ce qui a été mentionné. L'un des plus célèbres de ses scribes, Zaïd ibn Thâbit racontait : «J'écrivais les versets coraniques dès leur révélation sous la dictée de notre Guide. Une fois ma fonction terminée, il me demandait de relire ce que j'avais enregistré. Je m'exécutais, bien sûr, et s'il trouvait la moindre faute, il la corrigeait!». L'envoyé de Dieu, pour éviter tout mélange entre le Livre Révélé et ses propres paroles, a mis en garde ses «secrétaires» et leur énonça clairement : «Ne consignez rien d'autre que le Coran. Que celui qui a écrit sur moi, le Coran mis à part, quelque sentiment ou opinion ou impression, qu'il l'efface! » Le même Zaïd précisait que lorsque le maître trépassa, les supports matériels sur lesquels le texte a été inscrit n'étaient pas encore rassemblés dans un livre. A ce propos, El-Khattâbî a consigné pour la postérité : «Le prophète n'a pas rassemblé les sourates du Coran dans un livre parce que le messager craignait l'abrogation possible d'un verset ou d'une prescription, mais la révélation étant clôturée par son trépas, les califes orthodoxes furent inspirés à le faire, respectant ainsi la promesse de le sauvegarder pour la nation musulmane. L'opération débuta sous le califat d'Abou Bakr, sur insistance de Omar » Après l'an 632, la guerre contre les apostasiés fut déclenchée. La bataille d'El-Yamâmah fut des plus sanglantes, un millier de croyants dont de nombreux qourrâ' trouvèrent la mort au champ d'honneur. Aussitôt Ibn El-Khattâb suggéra au calife de réunir toutes les paroles divines révélées dans un livre pour deux raisons : éviter leur perte et profiter des connaissance des autres qourrâ', avant leurs morts. Es-Saddîq acquiesça et forma une commission pour effectuer la mission, noble et délicate. Elle fut présidée par le jeune Compagnon, Zaïd ibn Thâbit, copiste d'une grande partie de la révélation et l'un des premiers à avoir appris, dans sa totalité, le Coran. Ce président confiait : «Je fus convoqué, après le massacre d'El-Yamâmah, au bureau du calife. Omar s'y trouvait. Abou Bakr me brossa la situation présente puis me présenta l'avis d'Ibn El-Khattâb. Il m'avoua qu'il n'était pas d'accord avec cet avis, au début, car le messager ne l'a pas fait lui-même mais Omar a fini par le convaincre de l'importance de l'acte. Persuadé de la portée de l'affaire, il me déclara : «Tu es jeune et sage, tu es estimé par l'ensemble de la société, tu as écrit la révélation sous la dictée du messager, recherche donc tout ce qui a été transmis à notre guide, contrôle-le, minutieusement, rassemble toutes les sourates dans un seul livre.» Je leur rétorquais : «De quel droit osez-vous accomplir une action que l'envoyé n'a pas faite?» Abou Bakr arriva, avec tout son sérieux, par me faire pencher vers leur point de vue. Je fis le serment par Allah, que s'il m'avait ordonné de prendre une montagne sur mon dos pour la transférer ailleurs je l'aurais effectué sans sourciller. C'était la plus lourde de toutes les responsabilités que j'ai eu à affronter. J'ai accepté la mission et me suis mis à la recherche de tous les supports sur lesquels les versets étaient consignés. J'ai examiné tous les morceaux de papier, les omoplates, les rameaux de palmier, j'ai fait appel à la mémoire de gens honnêtes, j'ai passé le tout au peigne fin, en toute conscience au point que je n'ai trouvé que chez le seul Khouzaïmah El-Ançarî les versets (128/129) de la sourate d'At-Tawbah : ﴾ Un messager issu de vous est venu à vous. Ce que vous endurez lui pèse. Votre salut lui tient au cœur! Il est plein de bonté et de compassion à l'égard des croyants.﴿ Le travail terminé, j'ai remis la totalité des pièces au calife qui les conserva dans son bureau jusqu'à sa mort. Le deuxième calife, Omar ibn El-Khattâb, les garda, précieusement, et avant son assassinat, il les confia à Hafçah, sa propre fille et mère des croyants.»
Une autre version nous renseigne sur la méthode suivie par le jeune Zaïd. Le président ne se contentait point de ce qu'il avait appris lui-même et les autres Compagnons mais il dépensa de grandes énergies pour redécouvrir toutes les pièces écrites sous la dictée du messager. Le ou les possédants de tels documents devaient se présentés devant la commission avec deux témoins pour authentifier la Vérité, du document, de la circonstance et du lieu de son écriture, dictée de la bouche même de l'apôtre de Dieu. Yahyâ ibn Abderrahmâne ibn Hâttib a enregistré : «Dans un de ses sermons à la mosquée, Ibn El-Khattâb déclara «Quiconque a écrit des versets sous la dictée du messager, qu'il les apporte au bureau du calife! » Ces versets ont été copiés sur des feuilles de papier, des planches ou rameaux de palmier. L'un de ceux-ci n'était accepté que si deux témoins attestaient de sa véracité.» Abou Châmah El-Maqdissî, de son côté, a enregistré : «La commission ne tenait compte que de ce qui a été écrit devant le prophète et confirmé par ce que les croyants avaient appris. Le seul recours à la mémoire n'était pas valable, pour ses membres. Zaïd avait déclaré qu'il n'avait trouvé chez personne l'inscription des deux derniers versets de la sourate d'Et-Tawbah. Il rejetait tout passage appris par cœur s'il n'était pas écrit.» De cette façon, la commission termina sa mission après avoir exigé de voir le document écrit que deux témoins, au moins, devaient en certifier l'authenticité et attester qu'il fut écrit sous la dictée du prophète
‘Othmâne ibn ‘Affâne, pendant son califat, décida d'écrire définitivement ce qui a été réuni du temps d'Abou Bakr. Pour ce faire, il re-ordonna la constitution d'un autre groupe de travail au sein duquel se trouvaient quatre croyants qui connaissaient le Livre par cœur. Houdhaïfah répétait : «Le calife adressa une correspondance à Hafsah, la pria de lui donner les documents qu'elle gardait et lui a promis de les lui restituer une fois l'opération terminée. La mère des croyants ne trouva aucun inconvénient et répondit positivement à la requête.» Ibn ‘Affâne donna l'ordre à Zaîd ibn Thâbit, le médinois, et aux trois mecquois Abdellah ibn Ez-Zoubaïr, Sa‘îd ibn El-‘Asse et Abderrahmâne ibn El-Hârith ibn Hichâme de se mettre à la besogne. Il recommanda aux trois mouhâdjirines, en présence du Ançarî que, dans le cas d'un différend entre eux et Zaïd, ils enregistreront le texte sacré en conformité avec le langage de Qouraïche, car, précisa-t-il, c'est dans leur langue que la révélation fut communiquée. La commission, sur cette base, entama son travail. Les copistes, d'après la version d'Et-Tarmizî, se divergèrent au sujet d'un seul mot, Et-Tâboût. Ils présentèrent l'affaire au calife qui a tranché en faveur de la calligraphie qouraïchite.
Du temps du califat d'‘Othmâne, sept exemplaires furent écrits. Il garda un à la Médine l'illuminée et envoya un exemplaire à chacune des six grandes métropoles du monde musulman, nouveau et vaste. Cet exemplaire servira de modèle à toute édition prochaine. Ibn ‘Affâne, aussitôt, ordonna la destruction de toute pièce comportant des passages du noble Livre. Houzaïfah a inscrit : «A la fin de la copie du Coran, le calife rendit à Hafsah les supports initiaux, comme prévu, conserva un exemplaire au siège du califat, fit parvenir un à chacune des six préfectures des plus importantes du nouvel espace musulman et somma les croyants de brûler tout document qui porte des sourates ou versets.» Cette mesure, négative en apparence, était dictée par des éventualités qui pourraient surgir : un texte non revu par le prophète, un autre où manque un mot, un troisième avec un mot en plus. Certains Compagnons qui savaient lire et écrire, ont enregistré ce qu'ils avaient appris dans un livre où une faute de grammaire ou d'orthographe risquait de se glisser, par inattention ou par ignorance. Le cousin germain de Mohammed et son gendre, en même temps, Ali ibn Abî Tâlib, avait classé, dans le sien, les sourates suivant l'ordre chronologique de leur révélation. Persuadés de la taille et de l'effet du décret du calife, tous les croyants firent preuve d'obéissance et pulvérisèrent tout document en leur possession. Le futur quatrième calife, Ali, fit une déclaration solennelle : «Ne soyez pas extrémistes envers ‘Othmâne et ne dites que du bien de son arrêté, concernant le moushaf et son exigence d'anéantir tout le reste. Si j'étais à sa place j'aurais agi exactement comme lui, je le jure par Allah.» Son compatriote Mas‘ab ibn Sa‘d confirma ce point de vue. Il a écrit : «J'ai vécu, dans Médine l'illuminée, le moment de la résolution d'Ibn ‘Affâne touchant la copie du Coran. Tout le monde l'approuva et personne n'adressa de critique à son égard. »
Ibn ‘Affâne fut réconforté par la réaction de ses administrés. Il n'a fait que concrétiser et peaufiner ce que Abou Bakr et Ibn El-Khattâb avaient déjà commencé. Si la communauté n'avait pas accepté l'opération, elle se serait révoltée contre lui comme elle le fera quand il donnera à certains membres de sa famille des postes de haute responsabilité.
Notons, enfin, que le calife n'a pas demandé à ses représentants, dans les provinces, d'effectuer une sorte d'enquête policière pour s'assurer de l'obéissance des croyants. Il pensait – à juste titre, d'ailleurs – que les fidèles se soumettront de bonne grâce et sans coercition aucune.
Ainsi donc le texte coranique préservé, d'abord oralement, du vivant du prophète par ses Compagnons, le fut ensuite par écrit. Il fut, est et sera transmis de génération à génération. Des centaines de milliers de Musulmans, de par le monde, l'apprennent par cœur. Il nous est parvenu dans la version transcrite lors du gouvernement du troisième calife orthodoxe. Elle date depuis plus de quatorze siècles et n'a subi ni modification ni variation, ni rajout ni diminution.
3°) La croyance aux prophètes
L'Omniscient a sélectionné des messagers, parmi Ses créatures les plus vertueuses, pour transmettre Sa Mission aux hommes dans leur totalité. IL les chargea de faire savoir à ceux-ci leur religion et de les informer de ce que Dieu désire pour eux. Celui qui leur obéit et croit en leur mission, récoltera le bonheur, ici bas, et la Satisfaction divine, dans l'autre monde et celui qui transgresse les principes du Seigneur provoquera Son courroux. IL a mis en garde les personnes : ﴾Nous avons fait une révélation à des prophètes annonciateurs et avertisseurs afin que les hommes n'aient à invoquer aucun argument devant Dieu, quand la mission des Prophètes sera accomplie. Dieu est Sage et Puissant. Ces messagers représentent la preuve que le Créateur n'a oublié aucun peuple. IL le fait observer Lui-même :﴾ Il n'y a pas de communauté chez laquelle aucun avertisseur ne soit passé.﴿ Le messager de Dieu confirme cette idée : «Le Sage impartial a révélé les Livres aux hommes et leur a délégué des prophètes et c'est pour ces raisons qu'IL n'acceptera d'excuses de personne.» Le Coran et la Sunna nous ont cité le nom de certains d'entre eux. Ce sont : Adam, Noé, Hoûd – Hod -, Sâlah, Chou‘aïb, Ibrâhîm – Abraham -, Lot, Ismâ‘îl – Ismael -, Ishâq- Isaac -, Ya‘qoûb - Jacob ou Israël - Idrisse, Zoû El-Kifle, Dâoud, Soulaïmâne, Ayyoûb – Job - Yoûcef – Joseph- Yoûnesse – Jonas -, Moûssâ – Moïse -, Hâroune – Aaron - Yoûcha‘, Ylyèsse –Elie-, El-Yousou‘, Zakaryâ –Zakarie – Yahyâ – Jean Baptiste - ‘Îssâ – Jésus- et Mohammed (B.S.D.E). Un grand nombre d'entre eux n'ont pas été mentionnés. Le Coran le confie au dernier envoyé divin : ﴾ Nous avons fait une révélation à des prophètes dont nous t'avons précédemment narré le récit et à d'autres que nous ne t'avons pas cités.﴿ Ils appartiennent, tous, sans exception, au genre humain, ils ne se distinguent des autres hommes que par le fait d'avoir été choisis par Dieu pour communiquer Sa Mission, répandre Sa Lumière et Son parfum. IL nous l'apprend, sans ambages : ﴾ Nous n'avons envoyé avant toi uniquement que des hommes auxquels Nous faisions des révélations. Interrogez donc les détenteurs de l'Ecriture, si vous n'êtes pas au courant. Nous n'avions jamais fait de ces hommes des corps se passant de nourriture ou des êtres immortels.﴿ Ils ont tous les mêmes besoins que le commun des mortels, le boire, le manger, le sommeil et autre sexualité. Ils ont été frappé par la maladie, ont connu l'espoir et la déception, subi la prédestination avec ses deux facettes, l'agréable et l'amère et ont fini par mourir. Ils ne sont nantis d'autres capacités que celles que Dieu a bien voulu leur accorder : ﴾ Les prophètes dépêchés auprès des mécréants leur dirent : « Nous sommes, certes, des humains comme vous, mais Dieu comble de Sa Bonté qui IL veut parmi Ses serviteurs. Nous ne pourrions vous fournir un argument décisif qu'avec la permission de Dieu. Que les croyants placent leur confiance en Dieu.»﴿ Le Seigneur qui les a envoyés leur a octroyé des miracles qui ont prouvé à leur peuplade leur sincérité, quand ils leur affirmaient qu'ils étaient chargés de la mission divine. Le dernier messager divin répétait souvent : «Chacun des prophètes a reçu des prodiges. Dieu m'a donné des miracles et des preuves qui attestent ma prédication. IL m'a révélé, directement, Sa mission. J'espère être, parmi eux, celui qui aura le plus d'adeptes, le Jour de la Résurrection. » Le Souverain des univers les a sélectionnés parmi Ses créatures pour en faire Ses messagers et Ses ambassadeurs auprès de leurs communautés respectives. Ils sont les plus précieux des hommes et sont dotés de la moralité la meilleure. Ils supportent les peines les plus violentes et les épreuves les plus douloureuses et les plus humiliantes pour atteindre leur but résumé dans la propagation de la religion monothéiste et c'est là l'une de leurs particularités les plus nobles. IL les loue pour leurs qualités : ﴾Les prophètes qui vécurent antérieurement à Mohammed transmettaient les messages de Dieu, Le craignaient et ne redoutaient personne, en dehors de Lui. Dieu suffit pour établir le compte des actions humaines.﴿ Ils ne réclament pas de numéraires en échange de la diffusion de la religion céleste. Noé disait à ses compatriotes : ﴾« Ô mon peuple, je ne vous demande pas d'argent en échange de ce que je vous transmets de la révélation. Mon salaire n'incombe qu'à Dieu.» ﴿ Le Tout Clément ordonna à Mohammed de répéter aux païens mecquois ce que ses prédécesseurs assuraient à leurs sociétés : ﴾ Dis aux idolâtres : « Je ne vous réclame, pour ce que je vous apporte, aucun salaire. Toutefois, celui qui veut emprunter un chemin conduisant vers son Seigneur est libre de faire preuve de charité envers le besogneux.»﴿ Le Créateur a lustré Ses envoyés de qualités humaines parfaites et ordonna à Mohammed d'abord, aux croyants ensuite, de les prendre comme modèles. IL a cité dix-huit noms de prophètes puis a rappelé : ﴾ Voilà ceux à qui Nous avons donné l'Ecriture, l'intelligence, la prophétie. Si ces gens-là rejettent les versets du Coran, du moins les avons-Nous confiés à d'autres qui ne les nient point. Tels sont ceux que Dieu a dirigés! Suis donc leur direction.﴿ Le prophète ultime a appliqué le conseil divin, a suivi le cheminement de ses devanciers et a excellé dans son itinéraire. Son Seigneur l'a récompensé, IL a surélevé sa valeur, surhaussé son nom et fait de lui un modèle parfait pour les gens : ﴾ Vous avez, dans l'envoyé de Dieu, un beau modèle pour vous, pour quiconque espère en Dieu, au Jour dernier et se souvient fréquemment de Lui.﴿
La mission de tous les prophètes est, dans son essence, invariable, le monothéisme en est le thème essentiel. Il est affirmé dans le Coran : ﴾ Nous n'avons envoyé, avant toi, aucun messager sans lui révéler ceci : « Il n'y a pas de divinité excepté Moi! Adorez-Moi, donc!»﴿ La même observation est valable concernant les législations qu'ils ont apportées : elles sont, toutes, identiques. Dieu l'atteste : ﴾ IL vous a ouvert, en matière de religion, une voie qu'IL avait recommandée à Noé, celle même que Nous t'avons révélée, celle que Nous avons recommandée à Abraham, à Moïse, à Jésus, à savoir : acquittez-vous du culte à rendre à Dieu et n'en faites pas un sujet de division.﴿
Le Musulman croit en tous les prophètes, sans établir de distinction entre eux. L'Omniscient le constate chez son dernier envoyé et chez les croyants : ﴾ Le messager a cru en ce qui lui a été révélé par son Seigneur ainsi que les croyants. Tous ont cru en Dieu, en Ses anges, en ses Ecritures et en Ses envoyés. Nous ne faisons aucune différence entre Ses apôtres. Ils ont affirmé : « Nous avons entendu et nous avons obéi. Nous Te demandons pardon, Seigneur! Vers Toi est le devenir.» ﴿ Refuser de croire en un seul prophète, équivaut, en Islam, au reniement de tous les apôtres divins. L'Eternel le note, menaçant : ﴾ Les personnes qui ne croient pas en Dieu et Ses prophètes et voudraient Le séparer de ces derniers disent : « Nous croyons en certains messagers mais pas en d'autres». Ils tentent de suivre une voie entre la foi et la mécréance, ceux-là sont des impies! Or, nous avons réservé aux impies un châtiment avilissant.﴿
La révélation se manifeste aux messagers de trois façons différentes : le dialogue direct entre Le Souverain Suprême et Son serviteur, comme dans le cas de Moïse (B.S.D.L) qui a parlé avec Dieu, ou l'inspiration de l'idée dans le cœur du prophète ou la transmission des paroles divines par l'intermédiaire d'un ange. Celui-ci peut prendre l'aspect d'un homme – pour mettre le recevant en confiance – ou lui apparaître sous sa véritable nature. Le Maître Absolu nous l'enseigne : ﴾ Il n'est pas donné à l'homme que Dieu lui parle autrement que par inspiration ou derrière un voile ou par l'envoi d'un messager qui lui révèle, par Sa Permission, ce qu'IL veut.﴿
Tous les messagers sont des hommes vertueux, dotés de mœurs parfaites, cependant leur valeur, auprès de Celui qui les a choisis et dépêchés vers leurs peuplades, varie en degrés. IL le garantit : ﴾ Nous avons favorisé davantage certains prophètes par rapport à d'autres. A certains, Dieu a parlé. IL en a élevé d'autres à des degrés, dans la hiérarchie. Nous avons donné les preuves à Jésus, fils de Marie, en l'assistant de l'Esprit Saint.﴿
Les prophètes que Dieu conseille à Ses créatures obéissantes de préférer aux autres sont ceux qui ont été les plus résolus dans leurs actions et ils sont au nombre de cinq. S'adressant à Mohammed, IL le remémore : ﴾ Souviens-toi lorsque Nous prîmes l'engagement des prophètes, le tien, celui de Noé, d'Abraham, de Moïse, de Jésus fils de Marie –et un tel engagement fut solennel.﴿ Dieu lui requiert de faire preuve de patience et d'endurance devant les peines et les souffrances qu'il rencontrera, lors de son appel adressé aux hommes pour les conduire au monothéisme en général et à l'Islam en particulier. IL lui a recommandé : ﴾ Patiente à l'exemple des hommes résolus parmi les envoyés de Dieu.﴿
Le Seigneur a gratifié Son ultime messager, Mohammed ibn Abdellah, de sa préférence par rapport à tous les autres envoyés. IL l'a chargé, pour cette raison, de transmettre le message à l'humanité entière. Informant ses Compagnons de sa position auprès du Sage, par excellence, il leur déclara : «Je serai le maître de la progéniture d'Adam le jour de la Résurrection» et dans une autre version il clama : «Je serai le maître du genre humain le jour de la Résurrection, je ne vous le confie pas par fierté» Il voulait dévoiler, sans dédain ni orgueil, à son auditoire, le rang et l'honneur que son Créateur lui réserve.
Cette préférence entre les Messagers divins ne doit pas induire les gens en erreur. Mohammed a rectifié le tir et, dès qu'il a eu vent que les gens le préféraient à Moïse il leur a déconseillé : «Ne me préférez pas à Moïse. Tous les êtres humains seront foudroyés, le jour de la Résurrection et je le serai aussi. Je serai le premier à me réveiller, je verrai alors Moïse étendu à proximité du Trône. Avait-il été foudroyé, comme tout le monde et s'est réveillé avant moi ou bien Dieu a fait de lui une exception ?»
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